
Voilà les gars de Portishead…Ça veut tout dire, pourquoi pas les ploucs, les bouseux, les chtimis, les autres, les étrangers, les connards en quelques sortes. En tout cas c’est ainsi qu’ils étaient accueillis par le public avant de sortir Dummy. C’est aussi ainsi que les appelait leur manager, un type assez sûr de lui pour ne pas sombrer dans l’alcoolisme et le crack à l’idée de vendre un groupe au nom d’une ville aussi peu glamour. Portishead. Pas qu’ils soient fiers les gars de Portishead, juste que d’une certaine manière ils tiennent à revendiquer leur appartenance aux culs-terreux, à la working class, un choix politique. Politique, voilà un mot qui ne vient pas forcément à l’esprit lorsqu’on évoque Portishead. À l’époque je voulais calmer mes ardeurs. Essayez d’approcher les gadjis en leur expliquant « Fuck you I won’t what you do tell me »! j’ai essayé... je vous l’déconseille. Un peu de délicatesse bordel.
Avec Portishead, je tenais enfin la finesse qui me manquait. Y avait qu’à lire la presse, voir la façon dont les filles se posaient toutes émues sur le canapé. Pas de doute Portishead était un groupe plein délicatesse. A la première écoute, ça sent la soul, le corps chavire, on valse et on en oublie presque que le brin de donzelle derrière son micro n’est peut être pas politisée comme de La Rocha mais elle a en tout cas la même rage. Ecoutez "Oh, can't anybody see, We've got a war to fight, Never found our way, Regardless of what they say. " C’est Roads et c’est sur Dummy. Pour la douce quiétude, on repassera. Y a de la révolte dans Portishead, un sentiment d’impuissance également au moment où les conservateurs dirigent toujours l’Angleterre, alors a quoi bon… Tant qu’il y a de l’amour, il y a de la haine aussi. La haine vient des conservateurs, l’amour c’est celui que nous apporte Beth avec le hit de l’album, Glory Box, qui représente peut-être mieux Portishead des débuts. Dummy où même l’amour dans ce qu’il a de plus fou est un cri de révolte. Vous connaissez la chanson, l’amour fou c’est l’insoumission, relisez Breton.
À la fin de l’album, je me sens apaiser, un peu déconcerté tout de même. Une impression d’avoir connu Geoff, Beth, Adrian, Andy et Dave dès ma plus tendre enfance. La musique de Portishead c’était un peu le vent qui soufflait sur mon bled. La mélancolie y était ma première source de revenu. Une ville fantôme où mon occupation principale était d’attendre un bus qui jamais n’arriva.
Ça ne dura qu’un temps. Le temps de passer les portes du Zénith où je pus confirmer mon sentiment sur cette musique que beaucoup voyait comme un débordement de tristesse et d’échec amoureux. Jamais je n’ai vu de concerts aussi magnifiques et aussi brutaux que les concerts de Portishead. L’album est un décorum, plein de faux-semblants. En concert Portishead montre son vrai visage. Et cette brindille aux cheveux si doux est loin d’une quelconque Giulietta Masina, c’est une femme qui laisse exploser sa révolte…et…oui…sa joie. Une joie sans doute soutenue par les bouteilles de vins qui trainent ici et là sur la scène, ou par les "cigarettes" qu’elle n’oublie pas d’allumer entre deux chansons. En tout cas point de tristesse, point de désespoir durant les lives de Portishead. Juste un bon concentré de rock’n’roll.
On en revient à la révolte avec Portishead, leur second album. Ça se confirme, Portishead aimerait peut-être laisser tomber la politique mais ça tombe mal les socialistes anglais se convertissent à l’ultra-libéralisme. Les travaillistes n’en sont plus vraiment et se contentent de suivre la politique américaine et surtout l’armée américaine. Leur dernier opus studio s’ouvre sur Cow Boys, une attaque à peine cachée de Tony Blair ("Did you sweep us far from your feet, Reset in stone this stark belief, Salted eyes and a sordid dye, Too many years.") qui dans la continuité de Roads est également un appel à la révolte "But don't despair, This day will be their damnedest day, Oh, if you take these things from me.". Le jour des damnés en appelle un autre. Portishead se clot sur Western Eyes "They have values of a certain taste, The innocent they can hardly wait, To crucify invalidating, Turning to dishonesty. With western eyes and serpent's breath.They lay their own conscience to rest." Où Gibbons ne cache pas sa colère de voir une certaine idée de mode de vie occidental, être imposé au reste du monde de grès ou de force. Ce qui n’était qu’un pressentiment, à l’époque de Dummy, devient une évidence avec Portishead. Politiquement plus subtil que Massive Attack, mais pas forcément moins subversif. Pourtant on retiendra encore une fois de Portishead cette même tristesse qui transparaît pourtant très peu dans cet album… Au détour de Western Eyes peut-être. Mais toujours l’obsession de l’amour fou revient aux lèvres de Beth Gibbons sur Undenied ("Beneath your tender touch, My senses can't divide, Oh so strong, My desire.") et évidemment All Mine ("Make no mistake You shan't escape Tethered and tied There's nowhere to hide from me All mine....You have to be").
Définitivement Portishead est loin de l’idée reçue convenue et un peu facile généralement appliqué à leur musique : déprimant. Point de tristesse, de l’amour et de la révolte, that’s all.
Roadtrip (instrumental ouvrant leurs concerts.)
Roads (Live)
Cowboys (Live in New-York)
Glory box (Live in New-York)
All Mine (Portishead)
Undenied (Portishead)
Changaili, merci la gadji
Sweet-Candy pour la chtimi.
Prochainement, la suite ! (pleine de surprises...)
Avec Portishead, je tenais enfin la finesse qui me manquait. Y avait qu’à lire la presse, voir la façon dont les filles se posaient toutes émues sur le canapé. Pas de doute Portishead était un groupe plein délicatesse. A la première écoute, ça sent la soul, le corps chavire, on valse et on en oublie presque que le brin de donzelle derrière son micro n’est peut être pas politisée comme de La Rocha mais elle a en tout cas la même rage. Ecoutez "Oh, can't anybody see, We've got a war to fight, Never found our way, Regardless of what they say. " C’est Roads et c’est sur Dummy. Pour la douce quiétude, on repassera. Y a de la révolte dans Portishead, un sentiment d’impuissance également au moment où les conservateurs dirigent toujours l’Angleterre, alors a quoi bon… Tant qu’il y a de l’amour, il y a de la haine aussi. La haine vient des conservateurs, l’amour c’est celui que nous apporte Beth avec le hit de l’album, Glory Box, qui représente peut-être mieux Portishead des débuts. Dummy où même l’amour dans ce qu’il a de plus fou est un cri de révolte. Vous connaissez la chanson, l’amour fou c’est l’insoumission, relisez Breton.
À la fin de l’album, je me sens apaiser, un peu déconcerté tout de même. Une impression d’avoir connu Geoff, Beth, Adrian, Andy et Dave dès ma plus tendre enfance. La musique de Portishead c’était un peu le vent qui soufflait sur mon bled. La mélancolie y était ma première source de revenu. Une ville fantôme où mon occupation principale était d’attendre un bus qui jamais n’arriva.
Ça ne dura qu’un temps. Le temps de passer les portes du Zénith où je pus confirmer mon sentiment sur cette musique que beaucoup voyait comme un débordement de tristesse et d’échec amoureux. Jamais je n’ai vu de concerts aussi magnifiques et aussi brutaux que les concerts de Portishead. L’album est un décorum, plein de faux-semblants. En concert Portishead montre son vrai visage. Et cette brindille aux cheveux si doux est loin d’une quelconque Giulietta Masina, c’est une femme qui laisse exploser sa révolte…et…oui…sa joie. Une joie sans doute soutenue par les bouteilles de vins qui trainent ici et là sur la scène, ou par les "cigarettes" qu’elle n’oublie pas d’allumer entre deux chansons. En tout cas point de tristesse, point de désespoir durant les lives de Portishead. Juste un bon concentré de rock’n’roll.
On en revient à la révolte avec Portishead, leur second album. Ça se confirme, Portishead aimerait peut-être laisser tomber la politique mais ça tombe mal les socialistes anglais se convertissent à l’ultra-libéralisme. Les travaillistes n’en sont plus vraiment et se contentent de suivre la politique américaine et surtout l’armée américaine. Leur dernier opus studio s’ouvre sur Cow Boys, une attaque à peine cachée de Tony Blair ("Did you sweep us far from your feet, Reset in stone this stark belief, Salted eyes and a sordid dye, Too many years.") qui dans la continuité de Roads est également un appel à la révolte "But don't despair, This day will be their damnedest day, Oh, if you take these things from me.". Le jour des damnés en appelle un autre. Portishead se clot sur Western Eyes "They have values of a certain taste, The innocent they can hardly wait, To crucify invalidating, Turning to dishonesty. With western eyes and serpent's breath.They lay their own conscience to rest." Où Gibbons ne cache pas sa colère de voir une certaine idée de mode de vie occidental, être imposé au reste du monde de grès ou de force. Ce qui n’était qu’un pressentiment, à l’époque de Dummy, devient une évidence avec Portishead. Politiquement plus subtil que Massive Attack, mais pas forcément moins subversif. Pourtant on retiendra encore une fois de Portishead cette même tristesse qui transparaît pourtant très peu dans cet album… Au détour de Western Eyes peut-être. Mais toujours l’obsession de l’amour fou revient aux lèvres de Beth Gibbons sur Undenied ("Beneath your tender touch, My senses can't divide, Oh so strong, My desire.") et évidemment All Mine ("Make no mistake You shan't escape Tethered and tied There's nowhere to hide from me All mine....You have to be").
Définitivement Portishead est loin de l’idée reçue convenue et un peu facile généralement appliqué à leur musique : déprimant. Point de tristesse, de l’amour et de la révolte, that’s all.
Roadtrip (instrumental ouvrant leurs concerts.)
Roads (Live)
Cowboys (Live in New-York)
Glory box (Live in New-York)
All Mine (Portishead)
Undenied (Portishead)
Changaili, merci la gadji
Sweet-Candy pour la chtimi.
Prochainement, la suite ! (pleine de surprises...)