20.6.08

Du Champagne et des barricades!

Alors que la presse hexagonale nous assure que seule la vache folle peut faire sortir des marées humaines comme jamais la Corée du sud en a connue, alors que la télévision essaie d'expliquer en quoi la levée d'un embargo sur de la carne peut provoquer la démission d'un gouvernement, on trouve sur internet des comptes rendus beaucoup plus détaillé. Les coréens ne protestent pas. Ils sont tout simplement en train de se révolter contre l'ultracapitalisme.

C'est une révolte? Non, monsieur le président: ça s'appelle une révolution.

A la lecture de cet historique de ce mouvement révolutionnaire (il l'est de toute façon par sa structure - courcircuitant partis de "gauche" et syndicats -), je me suis rendu à cette évidence. Et le plus jouissif, c'est que ça donne un excellent exemple à suivre pour les pays qui subissent l'ultraconservatisme.

HNS-INFO:

"L’internet, dont le degré de développement en Corée du sud est l’un des plus avancé dans le monde, constitue l’ossature logistique de ce mouvement depuis son origine. Celle-ci se divise en trois niveaux. Au niveau individuel on trouve les blogs et les logiciels de discussion instantanée. Les blogs sont des pages d’expression personnelle [3], se transformant parfois en tribune d’expression politique. Les personnes favorables au mouvement y ont par exemple affiché le symbole d’une bougie [4]. Par ailleurs le jour de l’annonce par le ministre de l’agriculture de la reprise des importations, des rubans noirs qui symbolisent un événement grave et la tristesse ont été placés par beaucoup devant leur pseudonyme dans les logiciels de discussion.

"Logo" du mouvement


Le second niveau est constitué de sites web thématiques et communautaires qui regroupent des personnes partageant un même centre d’intérêt et appelés des « cafés » [5]. Ce sont des « cafés » sur la maladie de la vache folle d’une part, et contre Lee Myong Bak d’autre part, qui ont organisé les premières manifestations. Ce type de sites organisent des cotisations pour la distribution de nourriture ou pour payer des espaces publicitaires en faveur de la contestation. Ils diffusent aussi les listes constamment mises a jour des annonceurs publicitaires de journaux de droite et organisent contre eux une campagne de boycott [6]. Ces annonceurs reçoivent des milliers d’appels de citoyens faussement inquiets de la perte d’image de l’entreprise occasionnée par leur publicité dans ces journaux. La puissance de cette campagne est telle qu’elles doivent s’en excuser sur leur site officiel. Le nombre de pages des quotidiens de droite concernés s’est effondré de plus de 20% en un mois [7].

Au dernier niveau se trouve le site web « agora » qui est un forum publique et l’un des principaux centres de discussion ouvert [8]. C’est le lieu incontournable de ce mouvement sur lequel les stratégies sont discutées, l’ordre du jour établi, les expériences partagées et les idées débattues. Incursion du virtuel dans le tangible, les rassemblements sont apparus comme l’investissement de la rue par cette « agora » et ses principes de libre expression, de prise de parole égalitaire et d’initiative collective. Ce processus a permis aux femmes, d’habitude très sous-représentées, d’être des participantes à part égale avec les hommes. Il a aussi contribué à renforcer et à propager un fort sentiment de légitimité.

Durant les manifestations les citoyens publient en temps réel sur ce site des informations sur leur déroulement et envoient en direct des vidéos par l’intermédiaire d’autres sites web tel « afreeca.com ». Les membres du parti progressiste Jin Bo reçoivent des SMS les informant de la situation minute après minute. Toutes ces informations se rétro-propagent rapidement dans la manifestation, créant un sentiment d’ubiquité. Ceci permet par exemple à des milliers de personnes assistant à distance aux événements de téléphoner au commissariat pour exiger que cessent, au moment même ou ils se produisent, les sévisses infligés par les forces de l’ordre. Ceci permet aussi aux participant-e-s d’être tenu-e-s au courant des mouvements de la police et de se coordonner."

ça se passe en ce moment, et personne ne sait comment cela va se terminer. Esperons une sortie positive de ce mouvement révolutionnaire.

1.6.08

Kubark


"Selon la Ligue des droits de l’homme (LDH), des sans-papiers retenus dans ce centre, en attendant leur expulsion du territoire français ou de passer devant un tribunal, ont été victimes de brutalités policières. L’un d’eux, Khaled, âgé d’une vingtaine d’années, aurait subi un tir de Taser. Touché à la poitrine, il a perdu connaissance. Ce qui a nécessité son transfert par les pompiers à l’Hôtel-Dieu, l’hôpital du centre de Paris, qui fait office d’unité médico-judiciaire."

Libération, 25 fevrier 2008.

"(...)Brigade canine toute la nuit, les chiens aboient tout le temps, ils empêchent ceux qui ont les chambres de ce coté de dormir. Les projecteurs sont braqués sur les gens en permanence, dans le réfectoire et les chambres. Ils sont tellement puissants qu'ils traversent les vitres teintées. La lumière est trop forte pour regarder la télé.

Les lits superposés craquent à chaque mouvement. Ça pousse à la crise de nerf, la perte de contrôle, les gens s'en prennent à leur cohabitants. Ma chambre est contigüe aux toilettes. Quand on touche au robinet du lavabo ça fait du bruit, comme un gros boum boum qui dure. Les douches sont bouchées, les toilettes n'ont jamais été désinfectées, depuis un mois que je suis là. Elles sont pleines à craquer, à tel point qu'il faut parfois les vider dehors.

Si on mange un repas équilibré à midi il faut attendre le lendemain soir pour avoir un autre repas complet. Certains ne mangent que du pain et du lait et du fromage. Il y a eu du riz blanc et du couscous sans sauce. Les musulmans sont obligés de renvoyer leur barquette et de se contenter de pain et de yaourt.

Quand je suis arrivé je pesais 70kg, maintenant 55kg. Un ami est passé de 80kg à 60. La plupart perdent un tiers de leur poids.

Les chiens sont comme un CD qui tourne. Cris de chiens ininterrompus toute la journée mais je les vois jamais en face. Les être humains sont utilisés comme des sujets d'expérimentation par l'école de police [qui est contigüe au centre].

Un retenu se fait trainer jusqu'à sa chambre pour vérifier sa carte alors que ça fait 20 jours qu'il est là, qu'il donne son nom matin et soir, et les agents ne sont pas capables de le reconnaître."

Témoignage provenant du centre de rétention administrative de Vincennes.

HNS, mai 2008.

"Les écologistes définissent un écosystème par la présence de certaines "espèces indicatrices" de plantes et d'oiseaux; la torture est l'espèce indicatrice d'un régime qui, même s'il a été dûment élu, est engagé dans un projet profondément antidémocratique."

Naomi Klein, La Stratégie du Choc.