12.12.07

Karl Kraus




L'élection de Nicolas Sarkozy fut dans le cadre des relations entre les journalistes et le pouvoir un épiphénomène. Rien de nouveau. Il y a juste aujourd'hui une confirmation cynique du pouvoir journalistique de sa soumission au pouvoir politique et financier rien de plus. Ce qui était nié dans le passé est maintenant clairement assumé. La lecture d'un article de mon frère dans l'ouvrage encyclopédique de Jean-Michel Ribes "Le Rire de Resistance" m'a donné envie de rendre hommage autant au journalisme via la figure tutélaire de Karl Kraus, qu'à mon frère tout autant qu'à ces journalistes qui de plus en plus se sentent obligés de migrer vers la toile pour pouvoir s'exprimer:

"Son nom sonne comme quelque chose qui se casse. Karl Kraus s’amusait à envoyer des tartes à la crème à la figure des sérieux ridicules. À la place de la Chantilly, il mettait des briques.
Il fut le directeur, l’éditeur et le rédacteur de Die Fackel, à Vienne, entre 1899 et 1936. Il ne dépendait d’aucun groupe financier, d’aucun patron. Il gagna la confiance de milliers de fidèles qui trouvaient dans ses articles ce qui était passé sous silence dans les journaux officiels. Parmi ses lecteurs et ses amis, on compte Wittgenstein, Broch, Benjamin, Canetti, Musil…
Oscar Kokoschka écrivit : « Karl Kraus est descendu en enfer pour juger les vivants et les morts ». Polémiste paradoxal, il défendait la liberté sur un ton autoritaire ; perpétuellement en colère et indigné, il maniait aussi l’ironie et l’insolence. Ses auditeurs éprouvaient un grand plaisir, un plaisir d’enfants, à assister à ses séances de démolition des châteaux de sable de l’époque. Il s’en prenait à tout le monde, car il ne se sentait tenu par aucune loyauté. Il s’engagea pour l’avortement, les droits des prostituées et la dépénalisation de l’homosexualité. Les lectures qu’il donnait faisaient salle comble.
« Une rosée sanguinolente perle de la fleur de la rhétorique », écrivit Kraus. Il dénonça « die Katastrophe der Phrasen », c’est-à-dire le verbiage, les poncifs et les idées toutes faites. Son grand combat fut de dévoiler le totalitarisme véhiculé dans le langage. Pour lui, la guerre commence dans les mots ; derrière l’apparente rationalité se dissimule l’intérêt partisan. Il montra la folie des lieux communs et de la doxa qui conduisent au national-socialisme, « triple alliance de l’encre, de la technique et de la mort » Le meurtre et le génocide commencent par la corruption du langage.
Naturellement, les journaux furent la cible préférée de Kraus. « Au commencement était la presse. Puis advint le monde ». La presse diffuse la propagande du pouvoir et inscrit dans les esprits une fausse réalité. Les journalistes participent insidieusement à l’abêtissement général. Pour Kraus, il n’y a qu’un seul remède : l’imagination. La bêtise n’est pas l’absence d’intelligence, mais d’imagination : « Les horreurs les plus inimaginables, on pourrait les imaginer et savoir d’avance combien le chemin est court entre les slogans hauts en couleur, tous les drapeaux de l’enthousiasme, et la misère vert-de-gris. ».
Il a écrit deux grandes oeuvres, Les Derniers jours de l’Humanité, inspirée par la première guerre mondiale, et La Nuit de Walpurgis, à propos de l’avènement du nazisme. Il trouva son matériau dans les journaux ; les citations des acteurs de la vie réelle s’intégrèrent aux dialogues. Le burlesque de certaines scènes annonce le Chaplin du Dictateur et le Arturo Ui de Brecht : les nazis sont grotesques, les croyances convenables du temps présent apparaissent ridicules. Surtout, il prévient : la lâcheté intellectuelle, l’égoïsme et l’indifférence à la souffrance mènent au chaos.
Kraus nous enseigne une chose capitale : la barbarie ne surgit pas un jour. Elle grandit pendant des années, dans les journaux, dans les discours, par le choix d’un mot, par l’entrée dans le discours d’un concept apparemment anodin.
« On ne vit pas même une fois » pensait-il. Mais, malgré son pessimisme, il était du côté de la vie. Il pratiqua une intense chirurgie sur le corps de l’humanité. Pour notre plus grand bonheur, il ne prit pas la peine de l’anesthésier. "

International Noise Conspiracy - Capitalism stole my virginity
Fatal Picard - La sécurité de l'emploi
Noir Désir - The Holy Economic War

Puisque mon frère ne vit que de sa plume voici des liens qui vous permettrons d'acheter son oeuvre:

Martin Page : Comment je suis devenu stupide
Martin Page : Une parfaite journée parfaite (son meilleur bouquin)
Martin Page : La Libellule de ses huit ans
Martin Page : On s'habitue aux fins du monde
Martin Page : Le garçon de toute les couleurs
Martin Page : De la pluie
Martin Page : Juke Box

4.11.07

Nous, les vivants!




Vous hurliez des choses horribles, violentes et vous vous êtes enlaidi. Moi, je criais des choses justes et je suis un splendide trentenaire. Voilà ce que j’ai envie de balancer à cette "nouvelle" gauche, à mes compagnons de jeunesse à ces anciens gauchistes misogynes à ceux encore qui me parlent de pragmatisme et de ma soit-disant naïveté d’utopiste rêveur. C’est ça… Ou bien on passe aux insultes.

Je devais avoir 4 ans, 5 ans tout au plus. Ma mère et son mec de l’époque avaient décidé de nous faire découvrir à mon frère et moi, le Pays Basque, terre magnifique dont les habitants n’ont jamais su ou pu choisir entre leur désir d’indépendance et le confort du régionalisme. Si je n’ai aucun souvenir de mes aventures sur le territoire "français", les événements dont j’ai été témoin sur le territoire "espagnol" sont gravés à jamais dans ma mémoire. Fils d’un militant communiste et d’une fille d’un flic apparenté communiste ; je savais déjà à l’époque que l’Espagne avait connu le pire et qu’il n’y avait pas si longtemps un méchant avait verrouillé toute idée de liberté. Je savais aussi que maintenant ça allait mieux. Qu’en Espagne, comme en France, c’était la "Démocratie", que le peuple avait le droit de s’exprimer. Mon premier contact avec la "Démocratie" se fit donc au Pays Basque. Ce contact fut un char d’assaut et des mitraillettes pour "disperser" des individus subversifs ayant eu l’idée, les fous, de manifester pacifiquement pour l’indépendance du Pays Basque. Cocktails Molotov, pavés, contre tirs de kalachnikov préventifs. ça vous fait réfléchir.
De là sans doute me vient cette méfiance des autorités. Ma scolarité, mon adolescence, n’ont fait que confirmer cet état de fait. Ce que les hommes politiques nommaient "démocratie" avait souvent le goût de l’oligarchie. Ce que les profs appelaient l’école de la république n’était rien d’autre qu’un camp d’entraînement à la survie en terrain inhospitalier, pour ne pas dire en entreprise, où l’idéologie du chacun pour soi prédominait. Toute initiative de groupe était systématiquement d’une manière ou d’une autre brisée par l’autorité. Sauf si, évidemment, le groupe en question était une création du maître, du professeur. Beaucoup auraient abdiqué, pris le pli, histoire d’avoir de belles images ou bien au contraire foutre leur vie en l’air en partant trop tôt vers l’insurrection. Le cocon familial sans doute m’a permis de ne pas tomber dans ces pièges. Les manifs étaient mon quotidien, la musique rythmait mes lectures de Marx, Lenine et Mao que je chopais dans la bibliothèque paternelle. Plus tard Bakounine, Lafargue, Debord et les best-sellers de Bourdieu.
Mais voilà… j’ai eu l’inconscience de fricoter avec les anarchistes, avec les trotskystes (plus jolies) et à chaque fois je suis passé pour le type adorable mais franchement casse-couilles. Un simple différend sur ce que l’on considère être les valeurs de gauche et mon éviction du groupe était automatique.
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Et puis ce 21 avril 2002, les valeurs de la république, de la démocratie et de la fraternité ont volé en éclats. Ce fut un choc, mais il faut le dire un véritable espoir pour en finir avec cette mascarade. Mes convictions profondes m’avaient éloigné du vote et une révolte populaire était pour moi inévitable. Ce soir-là, j’ai vu les banderoles de la LCR et de la CNT plier bagage quand un cri faible, je l’avoue, mais un cri puissant, appelait a la prise de l’Assemblée Nationale. A ce moment-là, ces partis structurés et plus ou moins pacifiques auraient pu donner un coup de pouce à l’instauration de la révolte populaire. Ce soir-là j’ai cru qu’ils avaient trahi leurs idéaux révolutionnaires. Les émeutes de novembre 2005 m’ont finalement rappelé qu’il n’en était rien. La CNT et la LC "R" n’étaient rien d’autre que des coquilles vides pour contenir la révolte populaire.
Entre temps, pour faire moi-même l’expérience de la mascarade démocratique j’ai décidé de jouer le jeu des élections. A fond. Et il suffit de leur demander pour vous en convaincre : j’étais à fond, limite gonflant. J’ai fait le choix de la sociale démocratie. Cela pourrait sembler bizarre, sauf si l’on sait que deux efficaces opposants au capitalisme financier, premier ennemi à abattre, étaient prêts à se mettre à l’action sitôt la sainte élue.
Le 6 mai 2007, la gauche s’est pris un bon coup de batte de base-ball sur le crâne (ou une balle dans la nuque, c’est selon). Ce n’est pas un accident de l’Histoire. La faute n’est pas à rejeter sur l’incompétence de la gauche libérale : C’est juste que les armatures qui charpentent les valeurs du peuple de gauche sont depuis longtemps structurées par des groupuscules dont les représentants n’ont que faire des valeurs de gauche. Pourtant les valeurs de gauche sont simples. On les retrouve dans le nom des marques déposées des partis de gauche : communisme, socialisme, révolutionnaire. Tout ce que ne sont pas les partis de gauche. Que cela soit le PS, le PC, les Verts, ou bien la LCR et les joyeux foldingues de L.O ou de la CNT. Je ne crois pas en un parti de gauche, ni même en un parti anti capitaliste. Je crois bien plus à l’action des réseaux de gauche, à la base socialiste aux individus de la LCR et pour les soirées costumées aux anarchistes, ou autres Blacks Blocks et "Autonomes". La logique des partis, des syndicats est en train de s’autodétruire avec la fusion PS-UMP, les défilés de mode de la gauche antilibérale, l’officialisation des relations patrons/syndicats et le soutien des Verts au pseudo mini traité ultra-polluant de Nicolas Sarkozy.

Les mois qui suivent et la fronde anti-libéralisme (qui a oublié son nom) qui commence à naître vont peut-être me donner raison et les expériences des émeutes de novembre 2005 ou les manifs sauvages agrémentées de barricades flamboyantes du printemps 2006 auront sans aucun doute des rejetons. Nous, les vivants, sommes devenus incontrôlables.

Pigalle - Paris 2034, 20e jour d'insurrection
2 Bal Niggets vs Mystik - La Sédition
Les Frères Jacques - La Révolte

22.10.07

Le cauchemar de Guy Môquet

""Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d'importance inégale, et de portées diverses (...) A y regarder de plus près, on constate qu'il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. (...) Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! "

Denis Kessler, numéro 2 du Medef.

« Parmi ceux qui sont en prison
Se trouvent nos 3 camarades
Berselli, Planquette et Simon
Qui vont passer des jours maussades

Vous êtes tous trois enfermés
Mais patience, prenez courage
Vous serez bientôt libérés
Par tous vos frères d’esclavage

Les traîtres de notre pays
Ces agents du capitalisme
Nous les chasserons hors d’ici
Pour instaurer le socialisme

Main dans la main Révolution
Pour que vainque le communisme
Pour vous sortir de la prison
Pour tuer le capitalisme

Ils se sont sacrifiés pour nous
Par leur action libératrice

Guy Môquet

"Quelqu’un a dû penser que «camarade», ça faisait ringard. C’est aussi bête que de gommer les cigarettes sur les vieilles photos. Mais est-ce si grave ?"

Henri Guaino

(à propos de la falsification de l'Histoire opéré par les ultraconservateurs à son service. L'idée étant de faire de Guy Moquet un "compagnon" c'est à dire un résistant gaulliste à la place de la réalité historique et de l'éloigner de ses "camarades" résistants communistes.)

Olivier Bonnet revient sur les conditions de l'arrestation et de l'exécution de Guy Moquet et sur le rôle joué par le patronat français dans cet acte de collaboration avec le régime nazi.

Message aux réactionnaires qui soutiennent ce régime odieux....

continuez comme ça, faite une croix sur l'Histoire et sur les progrès sociaux et la liberté d'expression.

Et vous aurez la guerre!

22.7.07

Caught by the fuzz

Josiane est à l'hôpital, raconte Marie, assise sur un tabouret en plastique. L'hôtel Dieu. La dame qui était à terre est à 8 mois et deux semaines de grossesse ! Elle était là, couchée dans l'eau. Presque nue corps ! C'était affreux. On sait que c'est interdit de vendre dans la rue. Mais c'est pas comme ça qu'on interpelle les gens ! On vend des fruits, des légumes, c'est pas de la drogue, c'est pas de la contrefaçon. On vend des produits vivriers, qui sont dédouanés à Roissy. C'est la population africaine qui mange, c'est notre nourriture ! On mange ça. Ca vient du Cameroun. Nous sommes tous des Camerounais. On ne gêne personne ! »."

ça se passe comme ça à Château-Rouge.

Le premier facteur d'insécurité est le travail d'une partie de la police. Une formation policière bâclée institutionnalisée doublée de directives et d'articles de lois mis en place pour servir la politique médiatique de notre ancien ministre de l'intérieur mais très cher président. Les habitants du quartier n'ont pas a attendre 5 ans pour juger la pertinence de la politique de Nicolas Sarkozy en matière de sécurité. Ils la vivent au quotidien et le moins que l'on puisse dire, c'est que sa politique est désastreuse, surtout pour l'image de la police comme fonctionnaires de l'ordre public. Et ce n'est que le début.

ici et vous pourrez lire deux excellents articles sur les derniers dérapages violents des forces de l'ordre juste en bas de chez moi. Ne pas oublier de visionner les vidéos.

Dans le même temps le même homme irresponsable s'obstine à vouloir réduire au silence les sages qui calmement démontrent que la police historiquement n'a que rarement payée pour ses crimes.

"Soutien au groupe de rap La Rumeur | Pétition

Nous artistes, intellectuels, et citoyens, nous déclarons solidaires du groupe de rap La Rumeur, poursuivi avec acharnement et malgré deux relaxes, depuis cinq ans par le ministère de l’intérieur pour avoir publié un texte mettant en cause les violences policières depuis plusieurs décennies en France.

Nous le faisons au nom du principe fondamental de la liberté d’expression. Mais aussi parce que nous estimons qu’il est urgent que s’ouvre enfin un débat sans tabou sur les pages sombres de l’histoire de la police française.

La justice doit reconnaître qu’il n’est pas diffamatoire de revenir sur les massacres d’octobre 1961, de Charonne, ou les bavures commises depuis les années 80.

Signer l’appel "

7.5.07

Nowhere to ride...


Tony Blair S'adresse Aux Français
envoyé par SARKOZlSTE

DSK a raison, la gauche doit se moderniser et suivre la gauche anglaise qui a applaudit la victoire de celui qui tente de dédouaner la France de sa contribution à la mise en application de la solution finale et qui considère le suicide des jeunes comme un fait génétique.
Je viens de m'acheter Children Of Men, le futur est en marche...