4.11.07

Nous, les vivants!




Vous hurliez des choses horribles, violentes et vous vous êtes enlaidi. Moi, je criais des choses justes et je suis un splendide trentenaire. Voilà ce que j’ai envie de balancer à cette "nouvelle" gauche, à mes compagnons de jeunesse à ces anciens gauchistes misogynes à ceux encore qui me parlent de pragmatisme et de ma soit-disant naïveté d’utopiste rêveur. C’est ça… Ou bien on passe aux insultes.

Je devais avoir 4 ans, 5 ans tout au plus. Ma mère et son mec de l’époque avaient décidé de nous faire découvrir à mon frère et moi, le Pays Basque, terre magnifique dont les habitants n’ont jamais su ou pu choisir entre leur désir d’indépendance et le confort du régionalisme. Si je n’ai aucun souvenir de mes aventures sur le territoire "français", les événements dont j’ai été témoin sur le territoire "espagnol" sont gravés à jamais dans ma mémoire. Fils d’un militant communiste et d’une fille d’un flic apparenté communiste ; je savais déjà à l’époque que l’Espagne avait connu le pire et qu’il n’y avait pas si longtemps un méchant avait verrouillé toute idée de liberté. Je savais aussi que maintenant ça allait mieux. Qu’en Espagne, comme en France, c’était la "Démocratie", que le peuple avait le droit de s’exprimer. Mon premier contact avec la "Démocratie" se fit donc au Pays Basque. Ce contact fut un char d’assaut et des mitraillettes pour "disperser" des individus subversifs ayant eu l’idée, les fous, de manifester pacifiquement pour l’indépendance du Pays Basque. Cocktails Molotov, pavés, contre tirs de kalachnikov préventifs. ça vous fait réfléchir.
De là sans doute me vient cette méfiance des autorités. Ma scolarité, mon adolescence, n’ont fait que confirmer cet état de fait. Ce que les hommes politiques nommaient "démocratie" avait souvent le goût de l’oligarchie. Ce que les profs appelaient l’école de la république n’était rien d’autre qu’un camp d’entraînement à la survie en terrain inhospitalier, pour ne pas dire en entreprise, où l’idéologie du chacun pour soi prédominait. Toute initiative de groupe était systématiquement d’une manière ou d’une autre brisée par l’autorité. Sauf si, évidemment, le groupe en question était une création du maître, du professeur. Beaucoup auraient abdiqué, pris le pli, histoire d’avoir de belles images ou bien au contraire foutre leur vie en l’air en partant trop tôt vers l’insurrection. Le cocon familial sans doute m’a permis de ne pas tomber dans ces pièges. Les manifs étaient mon quotidien, la musique rythmait mes lectures de Marx, Lenine et Mao que je chopais dans la bibliothèque paternelle. Plus tard Bakounine, Lafargue, Debord et les best-sellers de Bourdieu.
Mais voilà… j’ai eu l’inconscience de fricoter avec les anarchistes, avec les trotskystes (plus jolies) et à chaque fois je suis passé pour le type adorable mais franchement casse-couilles. Un simple différend sur ce que l’on considère être les valeurs de gauche et mon éviction du groupe était automatique.
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Et puis ce 21 avril 2002, les valeurs de la république, de la démocratie et de la fraternité ont volé en éclats. Ce fut un choc, mais il faut le dire un véritable espoir pour en finir avec cette mascarade. Mes convictions profondes m’avaient éloigné du vote et une révolte populaire était pour moi inévitable. Ce soir-là, j’ai vu les banderoles de la LCR et de la CNT plier bagage quand un cri faible, je l’avoue, mais un cri puissant, appelait a la prise de l’Assemblée Nationale. A ce moment-là, ces partis structurés et plus ou moins pacifiques auraient pu donner un coup de pouce à l’instauration de la révolte populaire. Ce soir-là j’ai cru qu’ils avaient trahi leurs idéaux révolutionnaires. Les émeutes de novembre 2005 m’ont finalement rappelé qu’il n’en était rien. La CNT et la LC "R" n’étaient rien d’autre que des coquilles vides pour contenir la révolte populaire.
Entre temps, pour faire moi-même l’expérience de la mascarade démocratique j’ai décidé de jouer le jeu des élections. A fond. Et il suffit de leur demander pour vous en convaincre : j’étais à fond, limite gonflant. J’ai fait le choix de la sociale démocratie. Cela pourrait sembler bizarre, sauf si l’on sait que deux efficaces opposants au capitalisme financier, premier ennemi à abattre, étaient prêts à se mettre à l’action sitôt la sainte élue.
Le 6 mai 2007, la gauche s’est pris un bon coup de batte de base-ball sur le crâne (ou une balle dans la nuque, c’est selon). Ce n’est pas un accident de l’Histoire. La faute n’est pas à rejeter sur l’incompétence de la gauche libérale : C’est juste que les armatures qui charpentent les valeurs du peuple de gauche sont depuis longtemps structurées par des groupuscules dont les représentants n’ont que faire des valeurs de gauche. Pourtant les valeurs de gauche sont simples. On les retrouve dans le nom des marques déposées des partis de gauche : communisme, socialisme, révolutionnaire. Tout ce que ne sont pas les partis de gauche. Que cela soit le PS, le PC, les Verts, ou bien la LCR et les joyeux foldingues de L.O ou de la CNT. Je ne crois pas en un parti de gauche, ni même en un parti anti capitaliste. Je crois bien plus à l’action des réseaux de gauche, à la base socialiste aux individus de la LCR et pour les soirées costumées aux anarchistes, ou autres Blacks Blocks et "Autonomes". La logique des partis, des syndicats est en train de s’autodétruire avec la fusion PS-UMP, les défilés de mode de la gauche antilibérale, l’officialisation des relations patrons/syndicats et le soutien des Verts au pseudo mini traité ultra-polluant de Nicolas Sarkozy.

Les mois qui suivent et la fronde anti-libéralisme (qui a oublié son nom) qui commence à naître vont peut-être me donner raison et les expériences des émeutes de novembre 2005 ou les manifs sauvages agrémentées de barricades flamboyantes du printemps 2006 auront sans aucun doute des rejetons. Nous, les vivants, sommes devenus incontrôlables.

Pigalle - Paris 2034, 20e jour d'insurrection
2 Bal Niggets vs Mystik - La Sédition
Les Frères Jacques - La Révolte

14 commentaires:

Berlin Belleville a dit…

Mais non tu n'étais pas gonflant juste grisé par ton premier vote, tu voulais qu'il se passe comme tu l'avais décidé... "social-fasciste"!! (j'y peux rien ça m'a échappé...)
D'accord avec toi pour la différence entre la LCR et les Anars...

sadoldpunk a dit…

Le retour à l'écriture pour l'Anonyme! Belle note. Pour ce qui est de la révolte, c'est sans doute une réaction très saine, et je fais partie des vivants souvents tentés par un grand bouleversement populaire. Ce qui m'inquiète, c'est que je ne vois pas grand-monde qui ai une alternative vraiment valide à proposer pour la suite... Sinon, pourquoi ne pas tenter l'anarchie et le chaos...
Mais dans le fond, je pense que ce qui manque en ce moment, c'est de véritable réflexion et deconcertation entre les jeunes gauchistes : à eux (à nous, donc) d'inventer le futur de la France et de l'Europe!

Baldassare Castiglione a dit…

Mais oui tu es un splendide trentenaire ! Dans la force de l'âge ! (Pour les filles on dit "dans la fleur", c'est bien ça ?)
A propos, quand est-ce qu'on se refait un jogging ?
(Si tu ne t'es pas trompé sur la suite des évènements, il va falloir s'entraîner à courir...)

"Deux efficaces opposants"... avant même de cliquer sur le lien je savais bien qu'il y avait du Peillon (et du Montebourg) là-dessous... Ils gardent (malgré tout / par rapport aux autres / toutes proportions gardées... ça fait un tas de réserves) un petit bout de ma sympathie, et le jour de l'émeute, alors on montera peut-être une petite opération d'exfiltrage à Solférino...

Sinon, tout à fait d'accord avec ton analyse et tes conclusions (alors qu'on n'a vraiment pas eu le même parcours politique !)...

PS : très jolie dernière phrase...

Euh, Sad, moi je suis un peu contre le chaos (mon côté socialiste), mais pour ce qui est de la concertation des gauchistes, je suis assez d'accord (enfin ça dépend des gauchistes, hein, comme toujours)...

L'Anonyme de Chateau Rouge a dit…

BB: ce que j'avais décidé, c'était ce que j'avais déjà décidé en 2002: tout peter.
je vous rappelle qu'a cette election il fallait choisir entre le représentant d'un parti fasciste et un escroc que l'on savait également criminel. On trouve souvent des psychopates chez ceux qui veulent absolument avoir Le Pouvoir. Là on a jamais eu deux types autant psychopathes n'ayant rien a battre ni de la république, ni de la démocratie. La peur de voir un type qui préconisait l'identité nationale et l'utilisation de l'etat d'urgence en cas de révolte de cité a fait que beaucoup ont votés pour l'escroc criminel, mettant un point final a l'idéal démocratique. Seul le cynisme pouvait ensuite l'emporter (et d'ailleurs il l'a remporté!). On a pas eu Le Pen mais on a eu l'Etat d'Urgence et aujourd'hui l'Identité Nationale est devenu l'idéologie du pouvoir, le cynisme en plus. Quand la démocratie est en danger l'insurrection peut être un acte d'une plus profonde sagesse que de participer a une farce démocratique. J'ai participé aux elections presidentielles de 2007 en ayant au moins le choix entre deux candidats quoiqu'on en dise qui sont beaucoup plus fréquentables que les deux précédents. Ensuite ce que je voulais qu'il se passe c'est qu'on évite de recourir a la violence et qu'on se tape pas la honte avec un gros beauf au pouvoir qui controlait déja assez les médias. Les electeurs habitué au virage a droite de chirac a la stimagtisation des immigrés et des jeunes de banlieues comme à l'Etat d'Urgence ont décidés qu'il était tant de passer a la confrontation violente. C'est ainsi. c'est leur choix je le respecte.
chaque jour la droite se radicalise, chaque jour nous nous radicalisons également. On ne pourra pas continuer encore longtemps à se regarder dans le blanc des yeux. il est bientôt temps de passer aux choses sérieuse.
y avait rien de grisant a vouloir participer aux débats démocratiques, sauf que l'on était que peu nombreux à se montrer concerner.
la plupart se sont réveillés le jour du vote, ont votés comme a chaque fois. sans réfléchir. a droite comme a gauche. Je ne suis donc pas un social fasciste, ou alors tout ceux qui s'intéressent a la politique en dehors du jour j des élections sont des types du genre "social fasciste". Rassures toi donc: C'est une espèce en voie d'extinction.

Sad: mince tu t'angoisses. he t'inquiètes tout ira bien. Si il y a une révolte populaire elle sera assez longue et multiforme et on aura le temps pour construire quelque chose d'intéressant. On va pas inventer un nouveau mode de vie. a priori. A moins qu'on réussisse une gigantesque Commune. Mais j'en doute. Si l'insurrection vient il faut pas se faire de soucis, les structures d'hier feront tout pour récupérer le mouvement et devront donc changer et faire des concessions. Le Parti Socialiste dans cette hypothèse pourrait mériter son nom et replonger tête la première dans l'univers de la vraie gauche tout en s'inspirant de la révolte qui espérons le ne tardera pas trop. Le PS a pas trop le choix, c'est ça ou bien reproduire le schéma Italien qui propose de foutre tout les roumains dehors, ou bien le schéma anglais qui propose d'envoyer tous les enfants à l'abattoir. Mais oui c'est à nous de construire le futur et c'est pas trop tot de le dire, pasque bordel de merde on se fait plus tout jeune nous...Alors bon hop en rang serré et le sourire au lèvres on lève la tête et on se prépare au combat !

Balthazar: Ouais Peillon et Montebourg avec nous ça serait so chic d'avoir des aristos sur les barricades. (et puis j'ai deux trois mots a dire à Peillon, il déconne un peu lui). la dernière phrase me plait bien aussi. ça pete bien. c'est accrocheur ça. et puis ça veut bien dire ce que cela veut dire: l'opposition est là, forte et puissante, mais elle n'obéit plus aux structures de gauche actuelle. Mais cette opposition ne rejette pas l'utilité des structures au moins pour lancer le mouvement.

ISARAIN a dit…

on te retrouve , barricades en plein, quelle vie mon ADCR, mais quelle vie!!

Berlin Belleville a dit…

oh une changaili...

Anonyme a dit…

un camp d’entraînement à la survie en terrain inhospitalier, pour ne pas dire le monde...

L'Anonyme de Chateau Rouge a dit…

Heu non, pas le monde. Moi je l'aime bien le monde. C'est une belle chose, y a des chouettes coins (Barcelone,Central Park,les fonds marins de la méditerranée,la Cam, les quais de la Seine, Montpellier, Marseille, la garrigue, les déserts d'Andalousie et puis là ou l'on trouve les vignes et la bouffe asiatique!) dans le monde. La vie est belle aussi et l'est (dans mon cas) de plus en plus. Mais oui bordel de systeme scolaire bordel! c'est un putain de terrain inhospitalier!

Nolt a dit…

Que voilà un beau texte, en tout cas il commence bien et donne quelques clés pour, rapidement, en revenir à un jusqu’au-boutisme absurde, violent et suicidaire.

Je suis un splendide trentenaire aussi. Mon parcours ne me mène pas vers l’Espagne mais la Lorraine et ses usines. Le ciel est gris, le front est bas. Je découvre mes premières passions dans une école publique qui, à l’époque, assure encore son rôle. Il faut le voir ce vieux briscard d’instit', pendant l’année de CM2, nous conter l’Histoire avec talent ! Bon Dieu, en voilà un qui était plus habité par le savoir que le calcul de sa retraite ! Il finira directeur de l’école et écrivain. Une putain de rencontre en tout cas…

A cette époque, tout va bien. Ou presque.
Puis arrive le collège. Ah tiens, mince, les adultes m’ont menti. La violence qui règne dans ce lieu est à peine soutenable. Le pire ? Jamais elle ne pénétrera le monde des adultes. Je ne comprends pas. Pourquoi ce double discours ? Pourquoi laisser ainsi, si tôt, les plus mauvaises graines être arrosées quotidiennement ? Car j’en suis certain, ce qu’il manque, c’est une voie…une voix aussi. Ce silence assourdissant me rend fou. Je comprends, suffisamment tôt, que rien ni personne ne me sauvera. L’enfant en moi meurt le jour où, pour la première fois, je me rebelle. Depuis trop longtemps l’on me chante les vertus de l’autre joue alors que, dehors, au grand jour, seuls les coups assénés avec force sont entendus.

Quelques années après, au lycée, je suis devenu ce que je condamnais. Et encore, même pas. J’use de la force, oui, mais je ne crache au visage de personne et je me surprends à défendre les pires guignols. Surtout, je recherche partout un sens quelconque à donner à cette folie qui m’entoure. Je lis Freud, Marx, la Bible, Mein Kampf, ma soif d’explication ne semble pas se tarir, je veux comprendre, l’économie, la diplomatie, la stratégie militaire, pourquoi, merde, pourquoi ?
Je perds pied. L’avenir me semble noir. Je tombe dans la drogue. Douce, comme on l’appelle, dans un premier temps. Puis, j’ai la « chance » de rencontrer un type qui me propose un nouveau truc, directement venu de Hollande. Je me bâti alors les pires amitiés, basées sur du vent, des délires et de l’euphorie artificielle. Là encore, je perçois le danger, dans un sursaut tout personnel. Et aucune aide à l’horizon. Je m’en sors par miracle et décide de rompre avec les sales habitudes. Pas facile. En gardant les idées claires, je me rends compte que rien n’a changé et que, surtout, les idées dominantes dans le « sous-monde », celui de l’obscurantisme et de la violence, sont passées de "marginales" à "socialement acceptables". Plus tard, elles deviendront légalement indiscutables.

Les écrits d’Orwell me reviennent en mémoire. La novlangue, la double-pensée, tout est là. Je n’aime pas le pays dans lequel je vis. Je m’égare alors encore une fois en pensant changer les choses en m’investissant en politique. J’ai une plume habile qui me permet de vite écrire discours et slogans locaux. Je souhaite m’engager plus, j’ai des idées, je suis animé par une volonté véritable de changer les choses. On me barde de promesses puis l’on m’oublie. Je me suis fait avoir. La période est propice aux règlements de compte surtout. Partout, les responsables se tirent dans les pattes. Il n’y a aucune place pour la réflexion. Encore moins pour le bon sens.
Pour la droite, le constat est catastrophique. Tous les militants de cœur sont en passe de transiter vers les mouvements de droite nationale (FN, MNR, MPF…) sans parler des mouvements plus radicaux qui raflent toutes les jeunes pousses (le GUD mais aussi UR qui, bientôt, sera interdite par une étrange manœuvre de la DST) et surtout cette même droite nationale, bien que respectable sur bien des points, est gangrenée par le pitre Le Pen et ses élucubrations.
Du côté de la droite classique, c’est encore pire. Avec Chirac, voilà une machine à gagner sans cervelle qui investit l’Elysée ! Durant ses deux mandats, non seulement il ne va rien faire de ce qu’il a promis mais, pire encore, il va permettre, par sa mollesse, la mise en place d’une politique de gauche que même les socialistes européens du moment n’appliquent pas dans les autres pays de l’UE tant elle est absurde !!

La droite n’est plus représentée nulle part. Tout le monde se tourne (dans nos rangs), comme un seul homme, vers les figures les plus musclées. Malheureusement, signe des temps, rien ne vient. La molle attitude semble être la norme. Le mot patrie est une hérésie, la famille un non-sens, et la sécurité des plus fragiles un renoncement.

Et là, vient un homme. Sarkozy. Mais avant lui, il faut comprendre l’impéritie de ses Pères.

En 2002, le choc est immense. Non parce que Le Pen est au second tour mais parce que le processus démocratique est interrompu.
Nous n'avons aucune structure réelle sur le terrain pour appuyer la droite nationale. Il manque des fonds, des cerveaux, des ambitions...tout le monde sent que ce qui se passe est absurde.
Chirac vient de réussir un putsch médiatique. Tous les média sont à sa botte, il a refusé de débattre avec son adversaire démocratiquement présent au second tour, tous les crétins prétendument « artistes » appellent à voter pour lui, bref, la France devient une étrange république bananière.
Plus que le vote, il faudrait respecter et approuver le « bon » vote selon certains.

Pour moi, la Vème république vient de mourir, mise à genoux et égorgée par Chirac.
J’ai, à cette époque, une conversation surréaliste avec un responsable politique local.
- Qu’est-ce qu’on fait, l’élection peut être invalidée non ?
- Non, ça nous sert, il va se planter.
- Tu as vu le score ? Et les media ? Qui peut prendre ça au sérieux ? Il faut en profiter.
- Ils sont trop remontés, tu veux faire quoi ?
- Mettre les media en cause, au minimum, tu as vu ça ? Bordel, un truc pareil, même à Cuba, ça aurait du mal à passer !
- Tu veux que Le Pen soit président ? [ton ironique]
- Je veux que mon pays ait droit à une vraie élection !
- Pour cette fois, c’est mort.
Les mots raisonnent. Non seulement je viens d’assister à une prise de pouvoir illégale mais, en plus, tout le monde s’en satisfait. Les journalistes, les bien-penseux, les profs, tout me sort par les trous de nez. Et je me dis « tant mieux, bien fait, bande de cons ! »

Triste d’en arriver là.
Mais bon, ça soulage.
Plus tard, je coupe les ponts avec la politique politicienne. Je garde mes convictions mais me renferme, persuadé que rien ne pourra changer les choses ici. J’ai eu un vague regain d’espoir avec Sarkozy (heureusement, je ne me suis en rien investi personnellement dans sa campagne) et je suis, sans surprise, déçu. Recul sur la Turquie, recul sur l’autonomie des universités, recul sur les retraites face à la mafia syndicaleuse, bref, encore une fois, le bon sens recule face aux pitreries politiciennes et aux menaces gauchistes.

Hier, des flics se sont fait agresser par des gangs sous le fallacieux prétexte que deux jeunes avaient eu un accident avec une voiture de police.
Ces criminels ont fait usage d’armes à feu. Et de cocktails molotov. Il ne s’agit plus ici de politique mais de bon sens. Rien, je dis bien rien, ne peut justifier l’impunité de ces criminels.
Pourtant, là encore, les gangs vont servir les ambitions politiques, à droite comme à gauche !

Mais, aujourd’hui, je m’en fous.
J’en ai marre de vous.
Je possède mes propres armes, j’ai ma façon de faire, je ne sors jamais de chez moi sans un flingue, et ça me suffit.
Parce que les gens sont trop cons pour que je me batte pour eux. Et parce que j’aime trop les miens pour ne pas protéger ma famille.
Je vous pisse à la raie, vous, tous les salauds responsables, par votre idéologie vacillante et votre manque de clairvoyance, de tout ce sang. Et si un jour les vôtres ont à souffrir de votre folie, alors, je ne me réjouirai pas, car j'en suis incapable, mais je penserai bien fort "je vous avais prévenu".
Je n’ai plus en moi de place pour la compassion. En tout cas, pas pour ceux qui incitent, entraînent et sont responsables du pire.

Maintenant, si demain, en vous levant, y’a moyen de mettre le cerveau sur « on », ben, pourquoi pas parler ? En attendant, vous êtes trop occupés, à cause de votre aveuglement, par le fait d’aller nettoyer le sang que vous répandez sur nos trottoirs.

J’essaie vraiment d’être honnête dans cette intervention car, il me semble, que tu l’es aussi. Nous sommes dans des camps différents, si vraiment l’on peut parler de camps, pas vrai ? Mais, au moins, je pense que l’on s’est compris un peu. Ou, juste, on s’est rencontré un peu. Bah, ce n’est pas forcément positif pour autant !
Je suis certain que tu n’es pas un crétin, je suis sûr d’être dans le vrai (comme tu dois l’être) et…malgré le fait que l’on puisse discuter ou apprécier certaines choses chez l’autre, nous n’en demeurons pas moins des…ennemis.

En tout cas, tant qu’à être buté par un grand couillon, je pense que je préfèrerais que ce soit toi, lol. Et si un jour, le destin me donne le rôle du grand couillon, j’espère que tu seras heureux que je presse la détente. Ou pas d’ailleurs. Tu sais, nous "les salauds de droite", nous gardons parfois encore une certaine empathie maladroite envers les gens. Même lorsqu’ils sont dans l’autre camp.
;o))

Mais ce n'est pas si simple, encore une fois.
Le respect mutuel, tout ça, c’est dans les films. Et quand je vois ce que tu soutiens, quand je lis ce que tu oses écrire, alors, je me dis que je n’agis pas en vain et, surtout, me vient à l’esprit et au palais ce goût âcre et lancinant dans lequel on baigne face à une menace réelle.

Un jour peut-être, si en bons ennemis, nous maintenons ce dialogue étrange et si le destin nous prête vie, je te parlerai d’autres choses. Comme ce jour où, perdu au Luxembourg, j’ai rendu hommage d’une amère façon aux victimes du 11 septembre. Il y avait un truc si triste à la radio ce jour là, pendant ces trois minutes...
Jamais je ne pourrai expliquer vraiment ce que le 11 septembre fut pour…nous et…un tas de gens. J’ai lu beaucoup là-dessus, j’ai écris aussi, j’ai même obtenu un petit prix littéraire pour une nouvelle traitant de ce sujet, mais…je n’en ai pas fait le tour. Je ne sais pas si nous pouvons vraiment apprendre à nous connaître, je pense que cela n’évitera pas le conflit en tout cas.
Et si un jour nous nous rencontrons, peut-être que nos poings se délieront plus vite que nos langues. Et, qui sait si, ivres de coups, nous ne finirons pas, à terre, par renouer le dialogue ?
Je rêve ?
Ouais.
Sûrement.
Mais, de ce côté-ci, on rêve aussi.

Je n’en ai pas fait le tour, vois-tu ? Et j’ai surtout compris que, quelles que soient les opinions politiques, quels que soient les parcours de chacun, rien ne justifie certaines errances. Les larmes, les injustices, oui, c’est bien beau et bien triste entre nos mains, mais nous nous en servons. Nous nous servons des gens. De leurs rires. De leurs sourires. De leurs peines. De leurs haines. Et au final, lorsqu’ils seront tous morts, nous nous ferons face, nous, les guerriers maudits d’une folie innommable. Et ce jour là, bien peu importe qui l’emportera car, autour de nous, il ne restera rien, sauf peut-être les vagues traces de nos certitudes.
Je suis conscient de tout cela. Et…je suppose que je ne ferai rien pour l’empêcher. C’est dans l’ordre des choses.

Et comme tu ne feras rien pour l'empêcher non plus, je te dis à bientôt. Et surtout au plus tard.

L'Anonyme de Chateau Rouge a dit…

Neault, vraiment c'est un beau commentaire. Et oui ça aide un peu a comprendre comment a un moment on décide de prendre son destin et sa vision de la vie en main. D'avoir un regard particulier sur le monde. Qu'il n'y a pas de vérité.
Pour ma part dans socialisme, il y a "social" et l'Homme est un animal social. Dans Communisme il y a "commun" et pour que l'Humanité puisse continuer a se perpétuer il est important de mettre en commun pas mal de chose (la richesse, la culture) et puis l'idée de révolution est belle et oblige l'Homme a jamais se satisfaire d'un système et de faire bouger la communauté des hommes de façon perpétuel.
Si un jour on se rencontre il serait préferable que l'on en vienne pas aux armes. Déjà je ne suis pas armé et si je n'ai vraiment rien contre la violence (en clair je souhaite une insurrection), je préfère qu'elle soit dirigée vers des symboles que vers des personnes.
Voila. merci pour ton commentaire. (bon tout le passage avec les "vous" est pas hyper sympathique, mais j'espère que cela ne choquera pas mes lecteurs gauchistes.)

Nolt a dit…

Dans communisme il y a certes le mot "commun" mais c'est un mot qui, dans les faits, a conduit à plus de 100 millions de morts et à la ruine économique et culturelle de tous les pays qui l'ont instauré en régime.

Quant au socialisme français, il a permis l'établissement d'une chape de plomb du politiquement correct et de la non-pensée sur le pays. Sans parler du laxisme qui consiste à vite trouver une culpabilité commune et sociale pour exonérer les dérives des pires criminels. Criminels dont, en passant, l'on finance depuis des lustres les vacances, les stages de sport et autres joyeusetés et qui nous remercient avec des flingues et une haine toujours plus viscérale de la France (les propos anti-blancs sont devenus tellement monnaie courante que même à la télé, l'on ose maintenant les évoquer (je ne parle pas de TF1 mais de France 5 par exemple)).

Pour ce qui est de l'insurrection, si un jour elle a lieu, je ne pense pas qu'elle ira dans ton sens. Tu crois sérieusement que 10 000 illuminés vont instaurer une république socialiste soviétique alors que nous sommes des millions à souffrir des injustices du socialisme chiraco-mitterrandien ?

Bien sûr, vous pouvez éventuellement compter sur l'islamisme radical, on sait que gauche et terrorisme font bon ménage depuis fort longtemps (cf les moudjahidin du peuple dont la doctrine est un savant mélange d'islam et de trotskisme) mais sur le long terme, vous ne pourriez pas tenir bien longtemps. L'armée, la police, les gens de bon sens, les travailleurs honnêtes et tranquilles et les vrais démocrates sont avec nous. Et c'est une force sur laquelle il faut compter aussi, même si sa voix, en temps de paix, se fait murmure, elle sait hurler lorsqu'il est temps.

Tes lecteurs gauchistes, si je les choque, je m'en fiche un peu, tu t'en doutes. ;o)
Par contre, là où tu as sans doute raison, c'est dans le fait que nous haïssons peut-être plus des doctrines que des hommes.
Ou peut-être est-ce une habile façon de nous dédouaner...de justifier les coups qui porteraient, du coup, sur des idéaux et non ceux qui les défendent. Malheureusement, j'ai la nette impression que les idéaux, même les pires, restent malgré l'Histoire et les bombes, et que seuls les hommes souffrent de nos luttes.
Et je ne sais pas si le fait de ne pas les haïr nous épargnera les tourments de notre conscience.

vieux-cul a dit…

l'anarchie n'est en rien un chaos ou un soulèvement populaire, l'anarchie c'est le moment où les gens vont s'apercevoir qu'ils sont libres, comme le chien de la fontaine et que si ils s'aiment et s'entraident ils seront enfin eux-même : humains

Nous, Ouverts et Unis nous Sauverons

Nolt a dit…

Super. J'adore, moi aussi, le pays des bisounours.

L'Anonyme de Chateau Rouge a dit…

je répondrais demain a ces commentaires.
épuisé je suis.