1.6.08

Kubark


"Selon la Ligue des droits de l’homme (LDH), des sans-papiers retenus dans ce centre, en attendant leur expulsion du territoire français ou de passer devant un tribunal, ont été victimes de brutalités policières. L’un d’eux, Khaled, âgé d’une vingtaine d’années, aurait subi un tir de Taser. Touché à la poitrine, il a perdu connaissance. Ce qui a nécessité son transfert par les pompiers à l’Hôtel-Dieu, l’hôpital du centre de Paris, qui fait office d’unité médico-judiciaire."

Libération, 25 fevrier 2008.

"(...)Brigade canine toute la nuit, les chiens aboient tout le temps, ils empêchent ceux qui ont les chambres de ce coté de dormir. Les projecteurs sont braqués sur les gens en permanence, dans le réfectoire et les chambres. Ils sont tellement puissants qu'ils traversent les vitres teintées. La lumière est trop forte pour regarder la télé.

Les lits superposés craquent à chaque mouvement. Ça pousse à la crise de nerf, la perte de contrôle, les gens s'en prennent à leur cohabitants. Ma chambre est contigüe aux toilettes. Quand on touche au robinet du lavabo ça fait du bruit, comme un gros boum boum qui dure. Les douches sont bouchées, les toilettes n'ont jamais été désinfectées, depuis un mois que je suis là. Elles sont pleines à craquer, à tel point qu'il faut parfois les vider dehors.

Si on mange un repas équilibré à midi il faut attendre le lendemain soir pour avoir un autre repas complet. Certains ne mangent que du pain et du lait et du fromage. Il y a eu du riz blanc et du couscous sans sauce. Les musulmans sont obligés de renvoyer leur barquette et de se contenter de pain et de yaourt.

Quand je suis arrivé je pesais 70kg, maintenant 55kg. Un ami est passé de 80kg à 60. La plupart perdent un tiers de leur poids.

Les chiens sont comme un CD qui tourne. Cris de chiens ininterrompus toute la journée mais je les vois jamais en face. Les être humains sont utilisés comme des sujets d'expérimentation par l'école de police [qui est contigüe au centre].

Un retenu se fait trainer jusqu'à sa chambre pour vérifier sa carte alors que ça fait 20 jours qu'il est là, qu'il donne son nom matin et soir, et les agents ne sont pas capables de le reconnaître."

Témoignage provenant du centre de rétention administrative de Vincennes.

HNS, mai 2008.

"Les écologistes définissent un écosystème par la présence de certaines "espèces indicatrices" de plantes et d'oiseaux; la torture est l'espèce indicatrice d'un régime qui, même s'il a été dûment élu, est engagé dans un projet profondément antidémocratique."

Naomi Klein, La Stratégie du Choc.


2 commentaires:

Bernard Black a dit…

donc en plus d'avoir réalisé un des meilleurs films des ?? dernieres années et un des meilleurs films de sf-anticipation tout court (je parle pas d'harry potter je precise), cuaron est quelqu'un de bien.

L'Anonyme de Chateau Rouge a dit…

Il y a des liens invisibles en effet qui relient sans qu'on y croit trop des artistes comme Alfonso Cuaro, Guillermo Del Toro ou Jarvis Cocker à des intellectuels -journalistes ou philosophes- comme Zizek, Badiou et Naomi Klein.
A travers leurs oeuvres artistiques ou intellectuelles ils construisent une gauche que beaucoup considèrent, à tort, comme radicale. Cuaron et Toro dans Les Fils de l'Homme sont pourtant très critique vis à vis de la radicalité. Les rebelles sont finalement pas mieux que les fascistes. Naomi Klein proche de Cuaron semble avoir en horreur la radicalité qu'elle appelle pureté. Lorsqu'elle utilise le mot "pur" c'est pour dénoncer justement la radicalité de l'idéologie néolibérale dont les théoriciens, pour elle ne valent pas mieux que les théoriciens communistes ou nazis (il est clair qu'elle considère Friedman, comme les capitalistes considèrent Marx aujourd'hui, comme responsable théorique des massacre pratiqué par ses adeptes). Un autre ami de Cuaron, Jarvis Cocker baigne certes dans une culture radicale (on trouve des réfèrences au marxisme et même à Guy Debord dans ses chansons) mais il mélange ça à la culture pop. Zizek qui a été interviewé par Cuaron pour Possibility of hope, documentaire-miroir des Fils de l'Homme s'oppose comme son ami Alain Badiou à la gauche radicale. Pour eux deux il n'y aura pas de grand soir qui permettra d'avoir de beaux lendemains avec un Nouvel Homme. A travers leurs essais, leurs films ou leurs chansons, ils soutiennent tous l'idée d'une révolution nécessaire et inéluctable. Je pense que c'est Guillermo Del Toro qui a bien résumé cela lors d'une interview qui avait été réalisée (il me semble) au moment ou la droite néolibérale a réalisé son coup d'etat en 2006 au Mexique et que le peuple mexicain avait durant plusieurs mois occupé les rues et les places de mexico pour rejeter le gouvernement "démocratique" de droite.

"(...) je ne suis pas abattu : les jeunes d'aujourd'hui me semblent plus libres et éveillés qu'on l'était à leur âge. Je crois que nous atteindrons bientôt un zénith : les politiques se fourvoient tant qu'une réaction devrait survenir ; à force de pencher à droite, le monde finira bien par se réveiller un jour et exiger qu'on rétablisse l'équilibre. Le vrai danger, c'est le confort. Le tumulte (pas la guerre, nuance), lui, est essentiel à l'évolution humaine. Vive les débats d'idées. La pensée et les émotions sont les seules armes que l'homme devrait avoir le droit d'utiliser."

Zizek, Cuaron, Cocker, Klein, Badiou ou Del Toro ne font pas parti de la gauche radicale, mais ils font parti de la gauche tumultueuse.

Les considérer comme des gauchistes peut pourtant avoir un certain avantage: les fans de Harry Potter (Cuaron) de comics (De Toro) la mode (Naomi Klein dont le No Logo a beaucoup de succes dans ce milieu là) Cocker (pour les fans de dance floor) peuvent se mettre à s'intéresser aux débats d'idées et finir par lire Zizek, Badiou ou Guy Debord.

l'aspect un peu people me dérange pas finalement. Je suis peut être pessimiste mais je ne crois pas qu'on peut encore découvrir des penseurs libres grâce à l'école. Mais il y a de l'espoir à travers la culture populaire.

mon côté Greil Marcus.