9.12.08

Mon rêve de Cassandre





Depuis 2004 la Grèce est coutumière des émeutes urbaines annuelles. Les anarchistes et les groupuscules d'extremes gauches n'hésitent pas a utiliser les lances roquettes et les attentats aux voitures piégés. Il me semble que ce qu'il se passe actuellement est totalement différent...

Je vous met en ligne des citations d'articles écrits bien souvent par "les chiens de garde", pas par des anarcho autonomes.

"Tout a commencé hier soir à 9 heures dans le quartier d'Exarchia. Deux policiers en voiture de patrouille sont agressés verbalement par un groupe d'une vingtaine de jeunes appartenant selon la police au mouvement anti-autoritaire.

Suivent des jets de pierres, de bouts de bois. Pour les disperser un des policiers lance une grenade éclairante, l'autre sort son pistolet de service et tire trois fois. Un jeune de 15 ans, touché d'une balle dans la poitrine, tombe mort sur le trottoir."

Corinne Valois, RFI, 7/12/08

""Andréas, la jeune victime d'hier soir, était le fils d'un ingénieur civil, directeur d'agence bancaire, et d'une propriétaire de bijouterie du quartier huppé de Kolonaki. Il vivait dans une banlieue chic d'Athènes, était excellent élève d'une école chère et privée."

""Loin donc de l'extrémiste marginal, il s'est retrouvé face à ce que l'on appelle « les gardes spéciaux » dont la tâche est de garder les immeubles et autres cibles possibles, un groupe de la police mal entraîné, embauché à la va-vite, très souvent sur favoritisme politique et que l'on charge de tâches réservées à des policiers bien entraînés connaissant parfaitement les lois.""

""C'est un corps particulier de la police surtout chargé de surveiller des immeubles et qui légalement n'est pas armé. Et pourtant il portait une arme et selon de nombreux témoignages de jeunes mais aussi d'habitants du quartier d'Exarchia il a consciemment tiré sur Alexandre-Andréas. Il est donc accusé d'homicide volontaire.""

Corinne Valois, RFI, 8/12/08

Lien vers le témoignage d'une journaliste du Figaro qui admet que ce n'est pas une révolte de quelques anarchistes idiots, mais de l'ensemble de la population:

"A Athènes, il y a beaucoup de tension" - Le Figaro
AUDIO - Journaliste au Figaro à Athènes, Alexandra Kefalas revient sur les émeutes que connaît la Grèce.



"C'est le chaos. Les policiers ne savent pas quoi faire, ils n'ont pas d'ordre. Ils essaient seulement de contenir (et n'y arrivent pas), mais n'arrêtent quasiment pas. Le gouvernement a très peur et ne dit rien. Alors que des groupes attaquent, certains en profitent pour piller, créant par là même quelques tensions, certains préférant brûler que piller. À cette heure, et d'après ce qui m'est rapporté, il n'y a plus rien à détruire ou à brûler aux alentours de l'université."

Le Jura Libertaire, 8/12/08

""Nous nous battons contre les privatisations depuis longtemps mais, là, les gens sympathisent de plus en plus avec nous. La crise touche tout le monde, mais le gouvernement est complètement absent. Ma mère par exemple, elle dirige un laboratoire médical, mais on doit vivre à crédit depuis plusieurs mois parce que l'organisme qui la paie n'a pas reçu d'argent de l'Etat. Le gouvernement se fout de nous. On voit défiler des milliards, mais la vie est de plus en plus chère ici, plus encore qu'à Paris. "

Zoé Kazakis, 22 ans, s'est retranchée dans sa faculté d'économie, à Athènes, après les affrontements du week-end avec la police. Elle joue un rôle de coordinatrice de la mobilisation entre sa faculté et les autres établissements mobilisés.

Les Observateurs.

"Le mécontement de la population est d'abord dirigé contre les forces de l'ordre. Les manifestants reprochent à la police de ne pas accomplir correctement sa mission de service public. L'institution policière, qui devrait être au service de tous les citoyens, n'agit aujourd'hui que dans l'intérêt de quelques personnalités influentes. Je connais, par exemple, un directeur de journal qui dispose de trois ou quatre policiers pour assurer sa propre sécurité. Pendant les manifestations de ce week-end, les forces de l'ordre ne sont pas ainsi intervenues pour protéger les commerçants contre les tirs de cocktails Molotov.

Mais cette mobilisation témoigne surtout d'un profond malaise d'une partie de la société à l'égard de la politique du gouvernement grec. Partant de la capitale, elle s'est propagée à tout le pays. Les manifestants dénoncent le fonctionnement d'un Etat qui place l'intérêt d'une certaine classe politique et économique au-dessus de l'intérêt général. Ils réclament la mise en place effective d'un Etat de droit et d'un Etat providence, ainsi qu'une meilleure représentativité des citoyens. Leur objectif, c'est d'être considéré comme des partenaires à part entière du système
politique."

Georges Contogeorgis, professeur à l'université Panteion d'Athènes et ancien ministre

Le Monde, 8/12/08
"Eux, ce sont des étudiants, des jeunes actifs, des garçons, des filles. Des capuches et des foulards qui les protègent des gaz lacrymogènes dépassent autant de joues barbues que de boucles d'oreilles. Toute une génération en fait : ils ont entre 15 et 35 ans. Toute une société aussi : des smicards, des jeunes cadres, des militants d'extrême gauche, et d'autres pas engagés. Ce sont leurs tenues d'émeutiers – vêtements sombres, baskets Converse – qui estompent les lignes."
Elise Vincent, Le Monde, 9/12/08

"Le gouvernement a peur d'une explosion. La situation est hors de contrôle depuis le 6 décembre, lorsqu'un adolescent de 15 ans a été tué par un policier des services spéciaux."

(...)

"Manifestations, émeutes et autres actes de vandalisme : ces images pourraient rappeler la dictature et le soulèvement des étudiants contre les colonels."

(...)

"Ce week-end, pendant plus de trente-cinq heures, le centre de la capitale et Salonique ont été en flammes, un champ de bataille inédit en Grèce. D'autres villes continuent de brûler."

(...)

"Mais le peuple s'est réveillé. L'opposition du PASOK, la coalition de gauche, et l'extrême gauche, appellent à une forte mobilisation ces prochains jours et demande avant tout la tenue d'élections anticipées."

Courrier International


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