En 1988, les avis divergent. Selon certaines sources, on m’aurait vu traverser la manche et rejoindre l’Angleterre à la nage. D’autres, et c’est peut-être plus vraisemblable, ont constatés que je m’enfonçais dans les coins glauques de la région parisienne. Avec le mur de Berlin et le procès expéditif de Ceausescu rempli de promesses démocratiques, bien des choses allaient changer. On se le cachait depuis bien dix ans, mais à l’aube de l’an 2000, le rock était mort. C’est à cette époque que je l’ai découvert. Avec mes airs de rock-star, j’étais à l’image de la jeunesse de l’époque : un mort vivant. La vie reprenait ailleurs, j’en avais à peine conscience mais je le savait. Souvent je recevais des nouvelles d’Alice qui, adolescente rebelle, avait refusée de mourir en embrassant la vie : L’Angleterre ou la fin de l’eldorado du star-system post-punk et le début de l’anonymat électronique. Alice avait pris le premier train pour Londres sans savoir qu’a l’époque, ce n’était pas possible. Une fois sur place, ses rencontres guidaient sa vie. De squattes en squattes, de trains en trains, elle devint ce que Technik’art appelle aujourd’hui une "traveller". C’est à travers son courrier que j’appris l’existence des T.A.Z. et le combat de la jeunesse anglaise contre le libéralisme et l’individualisme à travers la musique. Une période heureuse où les drogues de synthèse n’avaient pas encore bouffé les consciences politiques. En Espagne la jeunesse hésitait entre la Movida et les bombes, en France on eu de beaux restes. Mais bien souvent on s’ennuyait à reproduire les postures punks, surfant sur le rock alternatif. Mort-né à la fin des années 70, cinq ans après tout était retombé. Ici bas, pourtant, on ginchait sur Téléphone. J'oubliai Alice. J’appris au hasard des booms qu’il y avait plus magnifique encore que la musique…il y avait la beauté des filles. Encore aujourd’hui, j’ai beaucoup de mal à m’en remettre.
Bicentenaire oblige, je pensais voir des têtes tombées, il n’y eu que des mass-acres et le début d’une entente entre deux autoritarismes plus ou moins subtil. Pour les citoyens du monde entier, la fin des idéologies utopistes et le début du chaos intellectuel. Aujourd’hui encore, nous n'en sommes toujours pas sorti. Dans ces moments-là, seul l’art en sort grandi. Une nouvelle lettre d’Alice: elle ne me parle pas de politique, elle ne parle pas de faits-divers, elle ne parle pas de l’Afghanistan et encore moins de la fin du socialisme. Il n’y a qu’une chose qui l’obsède, être libre et elle y arrive. Elle me raconte ces moments festifs, elle me parle de rave, de dj anarchistes et de suicide commercial. KLF décident de regrouper en liquide la recette durement gagnée de leur single "what time is love" pour le brûler caméra au poing sur la plage d’une ile triste d’Angleterre. Le rock n’effraie plus le bourgeois au moment où les free party commencent à défrayer les chroniques. La France à peur. Alice se radicalise, je n’ai plus de nouvelles d’elle. J’entends parler de terrorisme poétique et de sabotage artistique. Je suis sûr qu’elle est dans le coup. Moi je préfère profiter de mes derniers jours d’enfance pour jouir de ma bétise. L’adolescence pointe le bout de son nez et, le poing levé, j’affirme pour la première fois : Fight The Power ! Il y en aura d’autre. Ma vie prend un nouveau tournant entre concerts et manifestations. Ma tolérance envers le mauvais goût, est par contre toujours au beau fixe, surtout lorsqu’une demoiselle est dans mes bras.
Bicentenaire oblige, je pensais voir des têtes tombées, il n’y eu que des mass-acres et le début d’une entente entre deux autoritarismes plus ou moins subtil. Pour les citoyens du monde entier, la fin des idéologies utopistes et le début du chaos intellectuel. Aujourd’hui encore, nous n'en sommes toujours pas sorti. Dans ces moments-là, seul l’art en sort grandi. Une nouvelle lettre d’Alice: elle ne me parle pas de politique, elle ne parle pas de faits-divers, elle ne parle pas de l’Afghanistan et encore moins de la fin du socialisme. Il n’y a qu’une chose qui l’obsède, être libre et elle y arrive. Elle me raconte ces moments festifs, elle me parle de rave, de dj anarchistes et de suicide commercial. KLF décident de regrouper en liquide la recette durement gagnée de leur single "what time is love" pour le brûler caméra au poing sur la plage d’une ile triste d’Angleterre. Le rock n’effraie plus le bourgeois au moment où les free party commencent à défrayer les chroniques. La France à peur. Alice se radicalise, je n’ai plus de nouvelles d’elle. J’entends parler de terrorisme poétique et de sabotage artistique. Je suis sûr qu’elle est dans le coup. Moi je préfère profiter de mes derniers jours d’enfance pour jouir de ma bétise. L’adolescence pointe le bout de son nez et, le poing levé, j’affirme pour la première fois : Fight The Power ! Il y en aura d’autre. Ma vie prend un nouveau tournant entre concerts et manifestations. Ma tolérance envers le mauvais goût, est par contre toujours au beau fixe, surtout lorsqu’une demoiselle est dans mes bras.