26.3.06

28 years party people (1989-1991)

En 1988, les avis divergent. Selon certaines sources, on m’aurait vu traverser la manche et rejoindre l’Angleterre à la nage. D’autres, et c’est peut-être plus vraisemblable, ont constatés que je m’enfonçais dans les coins glauques de la région parisienne. Avec le mur de Berlin et le procès expéditif de Ceausescu rempli de promesses démocratiques, bien des choses allaient changer. On se le cachait depuis bien dix ans, mais à l’aube de l’an 2000, le rock était mort. C’est à cette époque que je l’ai découvert. Avec mes airs de rock-star, j’étais à l’image de la jeunesse de l’époque : un mort vivant. La vie reprenait ailleurs, j’en avais à peine conscience mais je le savait. Souvent je recevais des nouvelles d’Alice qui, adolescente rebelle, avait refusée de mourir en embrassant la vie : L’Angleterre ou la fin de l’eldorado du star-system post-punk et le début de l’anonymat électronique. Alice avait pris le premier train pour Londres sans savoir qu’a l’époque, ce n’était pas possible. Une fois sur place, ses rencontres guidaient sa vie. De squattes en squattes, de trains en trains, elle devint ce que Technik’art appelle aujourd’hui une "traveller". C’est à travers son courrier que j’appris l’existence des T.A.Z. et le combat de la jeunesse anglaise contre le libéralisme et l’individualisme à travers la musique. Une période heureuse où les drogues de synthèse n’avaient pas encore bouffé les consciences politiques. En Espagne la jeunesse hésitait entre la Movida et les bombes, en France on eu de beaux restes. Mais bien souvent on s’ennuyait à reproduire les postures punks, surfant sur le rock alternatif. Mort-né à la fin des années 70, cinq ans après tout était retombé. Ici bas, pourtant, on ginchait sur Téléphone. J'oubliai Alice. J’appris au hasard des booms qu’il y avait plus magnifique encore que la musique…il y avait la beauté des filles. Encore aujourd’hui, j’ai beaucoup de mal à m’en remettre.

Bicentenaire oblige, je pensais voir des têtes tombées, il n’y eu que des mass-acres et le début d’une entente entre deux autoritarismes plus ou moins subtil. Pour les citoyens du monde entier, la fin des idéologies utopistes et le début du chaos intellectuel. Aujourd’hui encore, nous n'en sommes toujours pas sorti. Dans ces moments-là, seul l’art en sort grandi. Une nouvelle lettre d’Alice: elle ne me parle pas de politique, elle ne parle pas de faits-divers, elle ne parle pas de l’Afghanistan et encore moins de la fin du socialisme. Il n’y a qu’une chose qui l’obsède, être libre et elle y arrive. Elle me raconte ces moments festifs, elle me parle de rave, de dj anarchistes et de suicide commercial. KLF décident de regrouper en liquide la recette durement gagnée de leur single "what time is love" pour le brûler caméra au poing sur la plage d’une ile triste d’Angleterre. Le rock n’effraie plus le bourgeois au moment où les free party commencent à défrayer les chroniques. La France à peur. Alice se radicalise, je n’ai plus de nouvelles d’elle. J’entends parler de terrorisme poétique et de sabotage artistique. Je suis sûr qu’elle est dans le coup. Moi je préfère profiter de mes derniers jours d’enfance pour jouir de ma bétise. L’adolescence pointe le bout de son nez et, le poing levé, j’affirme pour la première fois : Fight The Power ! Il y en aura d’autre. Ma vie prend un nouveau tournant entre concerts et manifestations. Ma tolérance envers le mauvais goût, est par contre toujours au beau fixe, surtout lorsqu’une demoiselle est dans mes bras.

17.3.06

Champagne, Pavés, Emeutes.

Si il y a bien un style de musique que je ne supporte pas c'est bien le reggae. Je trouve ça mou et la seule fois où je me suis retrouvé dans un festival de Reggae, j'avais vraiment l'impression d'avoir des zombis autour de moi. Paradoxe: l'une de mes chansons préférés est une chanson de Bob Marley qui est au reggae ce que Pink Floyd est au rock. Un gros chamalo. Burnin'and looting pourrait être le fil conducteur de ce bloc-note.
J'ai ouvert ce petit bout d'internet en plein mois de novembre, au moment ou les damnés des banlieue se sont dit que "trop c'est trop". J'avais une certaine sympathie pour ce mouvement de révolte...Je pensais que la jeunesse parisienne allait faire échos aux émeutes de banlieue et sortir massivement dans la rue...J'étais dans un schéma assez passéïste où la solidarité existait. Les précaires de Paris n'ont pas soutenus les précaires de banlieue. Aujourd'hui les émeutes sont à Paris et se sont les émeutiers de novembre qui ne sont pas pressés de rejoindre les anarchistes de Paname. J'étais à La Sorbonne et dans Le Quartier Latin mardi et jeudi soir. Les affrontements sont de plus en plus violents et opposent les CRS à des manifestants de plus en plus hétéroclites. La situation est particulierement étrange puisque les émeutiers évoluent parmi une population pacifiste et hétérogène, attirée par la fête mais aussi par le spectacle de l'émeute. La condamnation des actes de violence (dirigés vers les crs bien sûr, mais également vers les magasins réputés pour faire bosser les enfants) me semblait d'ailleurs minoritaire. J'avais par contre une angoisse réelle, hier soir, de me retrouver comme mardi entourés par des groupes néonazis. Ils étaient une centaine mardi, hier j'étais rassuré ils n'étaient finalement que 80. Comment tout cela va finir? le retrait du CPE semble le bon moyen pour éviter la grêve et l'émeute générale. C'est tout con, mais les émeutes ne survivront pas à la démobilisation des étudiants. Faut-il le souhaiter? Demain rebelotte les amis, peut être pour la derniere fois profitons en !



Au pire on pourra toujours se réchauffer.



Et puis je ne suis pas à un paradoxe près voici deux trois bonnes chansons reggae.

LKJ - Mi Revalueshanary Fren
(lien com')
Barry Brown - Fire Fire
(lien com')
et bien sur:
Bob Marley - Burnin'and lootin'
(lien com')

Ps: pour une fois je n'aurais pas de remords pour les problèmes de copyright puisque les photos sont de moi...

14.3.06

Divine Comedy

Il y a un moment où l’on ne peut plus lutter, où l’on succombe au triomphe de la volonté de la monstrueuse folie mégalomaniaque. Finir par écrire une chronique que l’on pensait pouvoir à jamais repousser au plus profond de son être. "Jamais au grand jamais faire découvrir de nouvelles sensations". C’était mon pari. Pari loupé puisque j’écris aujourd’hui sur la future dernière révélation pop-rock de l’année. Les Arctic Monkeys ce ne sont pas d’eux dont je parle et je fais tout mon possible chaque jour pour que ceux-ci repartent là d'où ils sont venus, en emportant si possible les Dead 60’s ("Le groupe de l’année" la semaine d'avant les Arctic Monkeys je précise pour ceux qui les ont déjà oubliés) et autre Antoine Say Yeah Yeah. Non, il s’agit d’autres gaillards découverts chez eux, et à la demande du même je perds mon pari avec moi-même.
Les Face For Radio sont comme beaucoup, un groupe du Grand Nord, là où on ne trouve pas de singes. C’est assez difficile d’écrire au présent sur des tits gars plein d’avenir qui n’ont pas encore de passé bien défini. Il semblerait ainsi que ces billy joe aient déjà eu leur concert culte, comme avant eux les Pistols, les Stones et les Scarabeat. Une église, et il me plait de la décrire comme gothique. À l’intérieur : des Catholiques, des Protestants ? on ne sera jamais, en tout cas de grands naïfs qui n’ont pas la même conception philosophique du monde que ma personne. A l’intérieur: surtout très peu d’adorateurs du grand rock’n’roll, si l’on écarte le curé du coin. Sauf erreur il a bien fallu l’intervention de ce suppôt du divin pour que les fanatiques du rock’n’roll puissent s'y produire ? Voilà donc ces hérétiques en train d’allumer le feu dans un lieu de culte plus habitué aux chants orgasmiques de quelques jeunes clercs que de se prendre l’haleine alcoolisée d’un jeune bien peu clair. Face For Radio n’est pas la dernière révolution musicale de la pop rock, voila c'est dit! Ce n’est qu’un groupe dont on mesurera peut-être trop tard le potentiel et c’est bien dommage.
Tenez le chanteur, mon préféré, (je ne me risquerais pas à parler de technique, les riffs et ce genre de termes scientifiques je les laisse aux critiques rocks ) beh je l’aime bien moi. J’imagine que si Neil Hannon avait eu un petit frère, cela aurait pu être lui. Une voix nonchalamment noyée dans le whisky mais bien trop classe pour être à la hauteur de Tom Waits. Jarvis Cocker étant malade, j’opte pour Neil Hannon. Et puis il y a le cuivre déréglé qui donne un accent très punk à ce groupe bien trop pop sur lui. Et puis il y a les autres instruments, les trucs avec les cordes, les peaux ce genre de machin quoi. Ça devient compliqué pour moi, mais je crois y reconnaître une basse, une batterie et même…. un guitare…. Un groupe de rock quoi, ouais mais un putain groupe de rock que je verrais bien au Trutskel puisqu’à 28 ans j’arrive encore à traîner ma carcasse dans les bars de jeunes.

Face For Radio - Queen Of My Heart
Face For Radio - One Of Your Kind
Face For Radio - Lucy Lu

L'illustration n'a rien, mais alors rien a voir avec le sujet de la chronique, mais bon ça faisait longtemps que la jeunesse n'avait pas été aussi rock'n'roll. ( et la vieillesse aussi, le College de France a été occupé autant par des étudiants que par des retraités et autres chômeurs de bas étages, libre a vous de nous rejoindre étudiants ou non... )

10.3.06

L'autre vie

J'ai passé la journée à soutenir les étudiants (les profs et tous les salariés qui les ont rejoins ) de mon ancienne fac, ça m'a beaucoup amusé, surtout qu'ils ont la côte auprès des médias. A la Sorbonne c'est une amie qui m'a rapportée les agissements des forces de l'ordre, forcement ils n'ont pas fait que des bisous. S'agit-il d'un nouveau mouvement social? Je ne sais pas... En tout cas ça s'organise, ça se motive et tout ça dans la bonne humeur... Putain j'ai l'impression d'être jeune avec tout ça !
Rêvons un peu et imaginons Dominique De Villepin reprendre "Le moribond" de Jacques Brel à son compte alors qu'il est au plus mal dans les sondages d'autant plus que la majorité des français souhaitent de plus en plus le retrait du CPE.


"Adieu Chirac je t'aimais bien
Adieu Chirac je t'aimais bien tu sais
On a chanté les mêmes vins
On a chanté les mêmes filles
On a chanté les mêmes chagrins
Adieu Chirac je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps tu sais
Mais je pars aux fleurs la paix dans l'âme
Car vu que tu es bon comme du pain blanc
Je suppose que tu prendras soin de la France
Je veux qu'on rie
Je veux qu'on danse
Je veux qu'on s'amuse comme des fous
Je veux qu'on rie
Je veux qu'on danse
Quand c'est qu'on me mettra dans le trou

Adieu Royal je t'aimais bien
Adieu Royal je t'aimais bien tu sais
On n'était pas du même bord
On n'était pas du même chemin
Mais on cherchait le même port
Adieu Royal je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps tu sais
Mais je pars aux fleurs la paix dans l'âme
Car vu que tu étais sa confidente
Je sais que tu prendras soin de la France
Je veux qu'on rie
Je veux qu'on danse
Je veux qu'on s'amuse comme des fous
Je veux qu'on rie
Je veux qu'on danse
Quand c'est qu'on me mettra dans le trou

Adieu Sarko je t'aimais pas bien
Adieu Sarko je t'aimais pas bien tu sais
J'en crève de crever aujourd'hui
Alors que toi tu es bien vivant
Et même plus solide que l'ennui
Adieu Sarko je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps tu sais
Mais je pars aux fleurs la paix dans l'âme
Car vu que tu étais son amant
Je sais que tu prendras soin de la France
Je veux qu'on rie
Je veux qu'on danse
Je veux qu'on s'amuse comme des fous
Je veux qu'on rie
Je veux qu'on danse
Quand c'est qu'on me mettra dans le trou

Adieu la France je t'aimais bien
Adieu la France je t'aimais bien tu sais
Mais je prends le train pour le Bon Dieu
Je prends le train qui est avant le tien
Mais on prend tous le train qu'on peut
Adieu la France je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps tu sais
Mais je pars aux fleurs les yeux fermés la France
Car vu que je les ai fermés souvent
Je sais que tu prendras soin de mon âme
Je veux qu'on rie
Je veux qu'on danse
Je veux qu'on s'amuse comme des fous
Je veux qu'on rie
Je veux qu'on danse
Quand c'est qu'on me mettra dans le trou"

Jacques Brel - Le Moribond
(lien com')
Black Box Recorder - Season In The Sun
(lien com')

quand à lui et ses amis ils quittent le bateau comme des lâches histoire de manger les miettes en 2007.

Voila, le soir j'ai rencontré un chic type et je vais lire son bouquin dans le train.
Moi je vous laisse pendant quelques jours...

7.3.06

Manif


Demain longue journée dont le point culminant sera le grand rendez vous festif sur le bitume de paname.

Si la manif ressemble à : ça, ou bien à ça ou encore à ça, et pourquoi pas même à ça, ou si possible à ça et soyons fou aussi à ça

Alors il y aura de grande chance que ma motivation pour ma longue histoire des fêtes soit de nouveau à l'ordre du jour.

Enfin...dans tous les cas on pourra toujours compter sur lui pour se dandiner.

3.3.06

Pouce !

Trois chroniques ( et encore… ) en un mois, ça frise le foutage de gueule…Alors en attendant que je m’attelle aux années 90, j’écris une petite bafouille histoire de redonner un peu de vie aux Barricades.

Pas de musique aujourd’hui, elle reviendra et il y aura du très bon et du plutôt mauvais ( mais dansant… ). À la place ce sont des témoignages audio piochés sur le site de Libération.




Ah Libé ! Je ne sais pas vous, mais j’ai un rapport « amour/haine » avec le torchon de Serge July. Il y a mon Libération fantasmé, Jean-Paul Sartre, Pierre Goldman, Michelle Bernstein et Serge Daney et il y Libération aujourd’hui. D’un côté ils font de la com’ facile en brandissant la liberté d’expression et d’un autre ils passent sous silence la situation difficile dans laquelle se retrouve aujourd’hui un ancien du journal. Denis Robert n’a pas joué avec l’idée de représentation, il a juste mis en lumière le caractère passablement mafieux et dangereux de la grande finance. Il a juste fait son travail de journaliste. Mais Libération n'en a cure ou peut être que le comité de rédaction est peu pressé de taper sur la grande finance…Beh oui ça ferait du tort à Rothschild…Alors Libération préfère utiliser un autre sujet pour brandir la liberté d’expression…ça mange pas de pain et l’IMAGE de la liberté de la presse s’en sort grandie… la liberté d'informer ? c’est pas sûr.
En a peine un an Libération a passé son temps à fournir les bâtons qui me permettent de les battre. Un édito de trop pour July, des articles approximatifs de journalistes paresseux (Chavez, Garfield) et une interview de sinistre mémoire. Tout ça en pleine crise sociale du journal. Sur le site Libé-en-lutte ça y va pour expliquer la crise. Malheureusement bien souvent, en chœur, les journalistes rejettent l’idée que la fuite des lecteurs soit également une suite logique du manque de sérieux de certains journalistes. Au lieu de se remettre un chouillas en cause ils brocardent les journaux gratuits et l’accès au site Libération lui aussi gratuit. Il y a un peu de ça, pour sur, mais il me semble qu'il est suicidaire de la part des journalistes de Libération de ne pas réagir face à certaines facilités. Et pourtant vu l’état de la presse française (financièrement et éthiquement) Libération fait partie de ce qui se fait de meilleur. Au rythme où vont les choses ça risque de ne pas durer.
En attendant il leur arrive d’avoir de chouettes idées à Libé et parmi elles, la mise à disposition d’enregistrements sonores, de "témoignages" de "pris sur le vif" qui sont chaque fois des grands moments. Vous avez remarqué? Pendant que j’évoquais Fraction Armée Rouge et Action Directe, Joëlle Aubron mourait. Ne pas accepter le rouleau compresseur du capitalisme est une chose louable, Action Directe a choisi la lutte - contreproductive et somme toute naïve - armée. Pour ces meurtres ils se sont tous retrouvés en prison. A perpette les cons. Joëlle Aubron a été la seule à bénéficier d’une libération. Grâce à sa tumeur elle était libre puisqu’elle était déjà condamnée. Libération propose quelques extraits du témoignage de Joëlle Aubron, sur son passé de militante activiste, son passé de terroriste et bien sur : la prison. La prison où croupit une autre d’Action Directe : Nathalie Menigon. Elle n’a pas de tumeur, mais après un accident cérébral elle s’est retrouvée à l’état de légume. Elle n'est pas seule dans ce cas. Mais l’Etat français s’en fout…Y a pas que la presse française qui est dans un état lamentable, il y a aussi les droits de l’Homme en France…

Joëlle Aubron - J'assume
Joëlle Aubron - Repentir
Joëlle Aubron - Prison
Joëlle Aubron - Rêves
Joëlle Aubron - Passage à l'acte

Ps : Aux dernières nouvelles, Maurice Papon profite de sa retraite de fonctionnaire d’Etat dans une luxueuse demeure de la région parisienne…

PS2: Rien a voir mais faites lui plaisir, abonnez-vous à Libé.